The History of Physiognomy

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Benoîte Legeais (Université de Montréal & Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle)

'La pilosité dans les traités de physiognomonie de della Porta à Lavater'

La chevelure et la pilosité humaine offrent aux regards une sémiologie anthropologique, sociale et culturelle complexe. Elles expriment la division sexuelle, la division sociale, la culture et un ensemble de contraintes extérieures et intériorisées. Elles constituent une des frontières anthropologiques essentielles qui sépare le civilisé du sauvage, la culture de la nature, le normal de l'anormal.

L'histoire récente des représentations corporelles montre que les déplacements de repères donnés au corps à travers le temps révèlent des indices majeurs sur les mentalités et les comportements. Du XVI au XVIIIe siècle notamment, les références sociales, les savoirs sur le corps et les repères culturels subissent un renouvellement des pratiques, suite aux bouleversements religieux, sociaux et politiques de la période. C'est en pensant les perceptions et les pratiques concernant la chevelure et la pilosité comme autant de constructions culturelles que j'étudie celles-ci dans le cadre de ma thèse de doctorat en histoire de l'Europe moderne.

On peut penser qu'une histoire du regard porté sur cet aspect du corps humain trouvera dans les traités de physiognomonies un témoignage privilégié. Quels sont les signes physiognomoniques de la pilosité ? Quelles valeurs associe-t-on aux attributs pileux ? Ceux-ci revêtent-ils une importance égale d'un emplacement sur le corps à l'autre puis d'un traité à l'autre ? Que voyait-on, et qu'est-ce qui demeurait invisible, de telles ou telles occurrences pileuses à telle ou telle époque, et pourquoi ? En repérant les traits relatifs aux poils du corps, de la tête et du visage comme signe dans les traités de Porta, de Cureau de la Chambre, de Lebrun et de Lavater, cette communication espère évaluer le rôle de la pilosité dans la construction de l'idée que l'on se fait de l'autre.

Un premier coup d'oeil aux traités permet de constater que si celui de Porta est une mine d'or - selon lui, l'abondance, la forme et la couleur du poil et des cheveux sont directement liés aux complexions, à l'identité sexuée, et au moeurs - les auteurs du XVIIe siècle ne traitent pas de la pilosité de la même façon. On en   parle peu chez Cureau de la Chambre, le regard sur le corps semble s'être éloigné au profit d'une réflexion sur l'expression. En revanche, Le Brun donne aux sourcils une importance considérable dans sa codification de l'expression des passions. Mais son interprétation des sourcils est dynamique, c'est le mouvement qui l'intéresse, non les traits fixes comme la forme ou la couleur de ceux-ci. On peut penser que le retour à une observation détaillée du corps dans le traité de Lavater, traduit, en outre, une nouvelle redéfinition de la physiognomonie et avec elle, un regard sur la chevelure et la pilosité qui fait revivre une partie de la tradition à l'aune des bouleversements sociaux et des découvertes scientifiques et philosophiques.

Hair in physiognomical treatises from Della Porta to Lavater

Hair and hirsuteness provide a topic for a complex social, cultural and anthropological semiology. They indicate sexual difference, social division, level of culture and a whole set of external and also internalised constraints. The form one of the key anthropological frontiers separating civilised from savage, culture from nature, normal from abnormal.

The recent history of representations of the body shows that shifts in the points of reference located on the body over time tellingly highlight mentalités and behaviour. From the 16 th to the 18 th century in particular, social references, forms of body savoirs and cultural reference-points undergo a transformation in social practices, due to the period's political, social and religious upheavals. The aim of my doctoral thesis is to focus on perceptions and practices concerning head-hair and hairiness as cultural constructions within this framework.

One may well imagine that a history of views on this aspect of the human body will find valuable evidence within treatises on physiognomy. What are the physiognomic signs of hirsuteness? What values are associated with hairiness? Do those values vary depending on where on the body the hair is located? What, in terms of different forms of hirsuteness in different periods, was visible and what remained invisible - and why? This talk, by mapping the characteristics relative to hair on the body, the head and the face as signs within the treatises of Della Porta, Cureau de La Chambre, Le Brun and Lavater, seeks to evaluate the role of hirsuteness in the construction of the idea that people formed of others.

It is soon very apparent that that while Della Porta's treatise is a veritable goldmine -for him, the abundance, form and colour of the skin and hair are directly linked to complexions, sexual identities and manners - the seventeenth-century authors do not treat hirsuteness in the same way. There is little discussion of it in Cureau de La Chambre, where analysis of the body seeming to be eclipsed by a focus on expression. On the other hand, Le Brun attaches considerable importance to the eyebrows in his codification of the expression of the passions. However, his interpretation of eye-brows is dynamic: it is the eyebrows' mobility that interests him, not their fixed traits, nor their form nor their colour. We may conclude that the return to a detailed observation of the body in Lavater's treatise shows a redefinition of physiognomy and, as a result, an analysis of hair and hirtsuteness which revives part of the physiognomic tradition in ways related to social upheavals and scientific and philosphical discoveries.

 

 

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